Présentation

Peintre et historien de l'art, mes deux activités ont trouvé à s'unir sous une forme d'expression artistique mêlant la lettre et l'image : la miniature symbolique.
Une forme d'expression qui, loin de tout revival historiciste, prétend réhabiliter un genre certes aujourd'hui négligé de l'art mais néanmoins toujours vivace dans la représentation et l'imaginaire contemporain : l'allégorie. Celle-ci se définit avant tout comme une idée mise en image sur la base de signes conventionnels et signifiants. Elle ne vise pas l'évocation d'une réalité sensible, mais celle d'un concept. Fondée sur la référence, elle se nourrit, pour l'essentiel, du langage reçu des symboles. C'est au regard de la psychanalyse, des croyances et des mythes qu'il convient ici d'en traduire le sens.
Le choix d'un petit format s'imposait d'un point de vue sémiotique et matériel. Historiquement liée au livre, la miniature demeure le vecteur naturel du concept. La réalité technique et physique de cette forme d'art la prédipose, par ailleurs, à la représentation abstraite : de par sa taille et un mode d'application qui dénie à la matière toute expressivité, la miniature affirme, dans la discrétion des moyens, le primat de l'idée sur l'objet.

Subordonner la forme à l'idée, n'exclut pas une attention aux valeurs plastiques de l'art. C'est, au contraire, les rendre opérantes par une participation active des lignes, des couleurs, de l'ordonnance et des volumes à l'expression générale de la scène. Car l'intelligence du signe relève moins, selon nous, d'une lecture axiomatique que d'une perception intime et signifiante de l'image à laquelle concourt l'ensemble des moyens mis en oeuvre .
Ce lien affirmé entre fond et forme se retrouve, sur le plan visuel, dans les rapports qui unissent l'image à sa bordure. Echo ornemental de l'allégorie animale, la marge trouve à s'unir diversement au champ central. Interpénétration des espaces, débordement de figures, complémentarité chromatique, répétition de motifs ou de rythmes instaurent un dialogue entre cadre et sujet, pour en conforter réciproquement le sens.

L'affirmation d'un art d'essence littéraire servi par une technique issue du fond des âges pourrait laisser à croire au retour nostalgique d'une tradition perdue si le choix de codes et de références syncrétiques ne l'inscrivait précisément dans le contexte universel et actuel d'une culture sans frontières ; celle du métissage des genres qui, hors de toute velléité dogmatique, laisse à chacun le soin de composer son univers. La norme est ici bousculée par des citations qui empruntent au registre de la peinture abstraite, allégorique, ethnique, naïve ou conceptuelle... non par absence de style ou par goût des paradoxes, mais dans l'espoir, peut être vain, de s'adapter au mieux à la convenance du sujet.